Le portrait-robot du « cadre senior » est bien difficile à dresser, les parcours des cadres étant souvent hétéroclites en fonction des secteurs, de la taille des entreprises, et des environnements de travail.
Mais le problème est bien réel, puisque parmi les cadres, les seniors présentent un taux de chômage supérieur au taux de chômage général de la population active : 6,8% v.6,1% [ Apec : étude statistique des cadres seniors].
Le nombre de cadres demandeurs d’emploi double passé 50 ans, et les écarts de rémunération entre hommes et femmes s’accentuent, il y a d’ailleurs beaucoup moins de femmes cadres de 55 ans que d’hommes.
De fait, les politiques publiques successives n’ont pas eu les résultats escomptés. Et depuis des années des entreprises et des salariés cherchent des solutions pour « vieillir actif ». Transmission des savoirs et savoir-faire, tutorat, missions de conseil interne, départ progressif « en sifflet », mécénat de compétences, cumul emploi-retraite, etc.
La contradiction qui a mobilisé au printemps dernier a montré d’un côté, que la démographie, allongement (inégalitaire) de l’espérance de vie et entrée plus tardive dans l’emploi a entrainé mécaniquement certains à penser qu’il fallait travailler plus longtemps et plus vieux ; et de l’autre, des entreprises poussent « les seniors » vers la sortie, souvent au frais de l’assurance chômage, si possible avant 60 ans. Avec l’assentiment de salariés qui sont las des réorganisations permanentes.
Et, maintenant ? Il manque un élément pour comprendre la préférence des entreprises et des salariés, cadres compris, pour les cessations d’activité « dès que possible ». On ne se soucie ni du déroulement des carrières, ni de la relation subjective et symbolique – l’expérience et l’engagement – que chacun entretient désormais si singulièrement à son travail. Peu de formation après 45 ans, discrédit de l’expérience au profit de voies de garage ou bâton de maréchal, la démotivation et le ressentiment sont les conséquences de l’absence quasi totale d’une gestion des âges et des relations entre les générations.
Et si la solution ne résidait pas dans les dispositifs et politiques spécifiques à l’âge, mais ailleurs ? Dans la manière de construire dans le travail les transitions professionnelles tout au long de la carrière ? Dans la manière de se représenter une carrière ? Dans le recrutement et la rémunération ? Dans le management ?